Préambule : Certaines des photos ci-dessous apparaissent très flous par rapport aux originaux... Quelqu'un voit-il une raison , J'ai utilisé la fonction "Utiliser une image"

Fin 2015, début 2016, nous étions au Nord-Laos. Nous qui avons adoré tous les pays du Sud-est asiatique, sommes revenus du laos avec un sentiment mitigé, excepté pour Luang Prabang et Muang Ngoi qui sont de petits paradis...

En parlant du nord Laos, les guides touristiques évoquaient une région "authentique". Il y vivait, disaient-ils, des "minorités ethniques", on y pratiquait "l'éco-tourisme"... Tous ces termes m'intriguaient... Qu'était-ce donc un pays authentique ?... Cela signifiait-il que nous n'avions jusqu'alors visité que des pays contrefaits, frelatés... Et tout d'abord, étions-nous nous-mêmes authentiques ? Nos sociétés modernes ne nous avaient-elles pas transformé en ersatz d'Homo sapiens ?

Nous allions donc partir à la recherche de l'Authenticité, dans ce pays dont je rêvais depuis longtemps et que que l'on appelait dans le passé le "Royaume au million d'éléphants".

Les petites villes du nord Laos présentent peu ou pas d'intérêt. Elles sont chinoises à 25%. Le personnel des "guest-houses" est peu avenant. La communication se fait pas les applications de traduction des smartphones dernier cri. Mais c'est dans les montagnes que nous avions rendez-vous avec les "minorités ethniques"...




Nous sommes en rando dans la jungle, (pardon, on dit trek maintenant), à proximité de la frontière chinoise. La progression est malaisée. Les sentiers sont parfois assez raides. La terre est une véritable colle rougeâtre rendue glissante par les dernières pluies. De temps à autre le guide dégage la piste au coupe-coupe. Je suis ravi... Nous y sommes !... En fin d'après-midi, nous descendons dans des gorges profondes ou coulent des cascades splendides. Nous devons nous arrêter à chaque franchissement de cours d'eau pour arracher les sangsues qui s'insinuent partout, à travers les chaussures, les chaussettes, les pantalons. Une fois dans les chaussures et gorgées de sang, elles s'écrasent ce qui nous fait des pieds ensanglantés du meilleur effet. Peu m'importe les sangsues. Je ricane, à sucer mon sang, elles vont crever dans d'atroces souffrances...




Le soir, nous constatons que notre tente ne comporte pas de double-toit, qu'elle est déchirée. Pas de matelas, ce symbole des sociétés bourgeoises avachies. Nous coucherons par terre à même le tapis de sol. Notre duvet a l'épaisseur d'un gros drap. Nous allons nous geler toute la nuit... J'explique à Dominique que l'Authenticité a un prix, qu'elle se mérite... M'enfin, si c'était facile, tout le monde serait authentique ! Le rouge me monte au front en songeant que dans l'Himalaya, j'ai payé mes semblables pour qu'il porte mon matériel de bivouac...




Vers quatre heures du matin, incapable de dormir, je sens comme une excroissance dans ma paume gauche. C'est une grosse mèmère de sangsue qui s'est bien gavée... Au matin la jungle est détrempée. Il faut bien songer aux besoins naturels... J'avoue que j'appréhende un peu... Bref, l'affaire est prestement expédiée, un peu crispé, dans la position de l'haltérophile qui va arracher la barre, en priant pour qu'il n'y ai pas de sangsues bondissantes !

Mais je suis heureux, j'aime ça ! Après une bonne nuit d'insomnie, je sens que j'approche de l'Authenticité...

Le lendemain nous marchons sur des cimes avec la mer de nuages à nos pieds, la vue est très belle.



Le soir nous couchons dans un village Akha. La famille qui nous héberge est moyennement accueillante, pourtant nous pensions avoir les codes, depuis le temps que nous parcourons la planète... Les laos sont assez timides et réservés, ce que nous comprenons fort bien. Tout est cuit au feu de bois dans un foyer creusé dans le sol. Tout est noir dans la pièce unique.



Nous sommes assis sur de minuscules tabourets haut de 10 cm environ, autour d'un joli plateau en bambou tressé qui sert de table. Le guide à ma droite lève la tête pour cracher par terre les morceaux de poulet qui ne lui conviennent pas. Les chiens font aussitôt le ménage avec précaution. A ma gauche, un homme éructe longuement, modulant le son en connaisseur.



Une vieille femme s'assoie en face de moi. Elle se racle profondément la gorge et expédie adroitement un long jet rouge et noir entre ses jambes. Sa bouche édentée est un trou rouge et noir également. J'espère que son Tarzan lui porte un amour authentique pour avoir encore envie de lui rouler des patins. Je murmure à Dominique : "Joyeux Noël ma chérie !" car c'est la nuit de la nativité loin des futilités occidentales.



Khéo, notre guide, prépare en notre honneur un met réservé aux hôtes de marque. Il s'agit de sang frais et de foie de canard cru pilés avec une quantité de condiments. C'est vraiment délicieux mais l'assaisonnement est détonnant. Mon organisme, qui portant en a vu d'autres, sonne la révolte sous forme d'une tourista carabinée. Dominique réagit de la même manière. En cours de soirée, nous faisons donc les aller-retours à la frontale, entre notre doux logis et les cabinets, distants d'environ cent mètres. Pendant que je suis à la peine dans cet endroit malodorant fait d'un trou dans le sol entouré de maigres branches de bambou, et que mes tripes me témoignent leur détresse, j'entends des rires étouffés, juste derrière moi, à moins d'un mètre. C'est que nos aller-retours ont alerté les petits drôles du village, ceux qui, cet après-midi jouaient gentiment à tirer sur les poules au lance-pierre. A travers les bambous disjoints de l'incontournable édifice, les joyeux drilles sont au première loges. Tandis que les garnements sont pliés de rire, j'éteins ma frontale et porte mon regard dans les étoiles en soupirant; mon intuition me chuchote que j'ai fait un grand pas vers la vraie Authenticité.



En cours de soirée, des femmes nous demandent : "massage, massage". Hou... à l'idée de me faire masser par la mémé cracheuse, ma libido part en chute libre. Mais le guide insiste, c'est inclus dans le "package" nous dit-il... Dominique, perfide, me dit vas-y Sergio... J'y vais. Je dois dire que c'est très agréable et très efficace après une journée de marche. Rien à voir bien sûr avec un massage coquin, c'est plutôt à la limite douloureux.

Nous avions indiqué à l'agence (gouvernementale) que notre trek était orienté photo. Pendant que nous discutions, je contemplais d'un oeil humide les splendides photos de femmes Akha qui tapissaient les murs, parfois avec un bout de sein qui dépassait. Leurs coiffures sont tout simplement magnifiques. Las, les photos sont tabous chez les femmes Akhas. Pas de photos donc... Sauf si on paie, dans ce cas, les Dieux veulent bien fermer les yeux... Ne voulant pas voler les photos, nous rentrerons donc bredouilles, sauf celles que nous prendrons chez nos hôtes... Mais je prends sur moi, je n'oublie pas ce que nous sommes venus chercher, et me dit que l'on peut voir des quantité de femmes Akha sur Google... Les prix des treks sont relativement élevés compte tenu du niveau de vie au Laos. Ils varient de 45 à 100 Euros par jour et par personne. Le guide nous explique que dans l'éco-tourisme l'argent est réparti entre le chef de la police, le responsable du parti communiste, le chef du village visité, la famille d'accueil (petite part), l'agence, et le guide (petite part).

Le lendemain, je marche devant avec Khéo. En digne fils de Rabelais, je me pose des questions sur la vie intime des Akhas. Par exemple, ils couchent tous (14 dans notre famille) serrés en rang d'oignons sur un espèce de châlit, un peu comme dans nos refuges de montagnes. Je demande a voix basse à Khéo dans un anglais laborieux :
- Khéo, dis-moi, les Akhas, comment font-ils pour... (coup d'oeil concupiscent). Ils font ça par roulement, pendant que les autres sont aux champs ? C'est ça ? Il rigole...
- Non, le sexe durant la journée est tabou chez les Akhas...
- Mince, mais comment font-ils alors ?...
- La femme ne se déshabille pas, et puis c'est très rapide.... Il fait les gestes pour bien me faire comprendre et il ajoute : Homme heureux, femme pas heureuse... Dominique à quelques pas de là me lance un regard soupçonneux...
Bon, pour l'amour authentique, nous verrons plus tard...



Ce soir nous sommes dans un village Khumu. Les gens sont beaucoup plus accueillants que chez les Akhas. Les notables du villages ont tenu à partager notre repas du soir (à nos frais, bien sûr, c'est normal). Ils sont sympas et dévoués et nous sommes heureux de partager. Il y a là le chef du village et son adjoint, le chef de la jeunesse, le chef de la sécurité, le responsable local du parti communiste et le chaman. Le repas commence par une prière. Nous devons tous tenir à deux mains le plateau de bambou qui sert de table. Cela est sensé contenir à l'intérieur de nous les trente deux esprits qui nous habitent. Le chaman et le responsable du parti sont cote à cote, priant avec une même ferveur. Je les observe du coin de l'oeil. J'admire in petto la capacité qu'à eu ce gouvernement athée à composer avec les religions locales, en occurrence l'Animisme. Bel exemple d'ouverture d'esprit et de tolérance ?... ou remake du sabre et du goupillon ?...

Extraordiannaire

Tant le texte que les photos, je suis fan! Bravo.

L'authenticité, n'existe presque plus nulle part à travers le Monde. Il n'y a hélas plus, ou très peu, de
Terra Incognita. Même en Nouvelle-Guinée ou au fin fond de l'Amazonie, l'homme est passé partout.
Il y a bien de-ci de là quelques micro-peuplades plus difficile à atteindre que d'autre, mais là où toi
tu passes une semaine, à peine partit, d'autres touristes prennent ta place.

Dommage que tu n'aies pas plus de photos

Je reste sur ma faim. Trop court, encore, encore.

Excellente présentation où l'on ressent qu'il faudrait peu de choses pour que le commerce prenne le pas et les conduise dans leur vie de tous les jours.

Merci pour ce partage intimiste de votre trek.

Merci Sergio pour ce voyage, j'aime beaucoup la photo n°5, j'en veux encore....

Extraordinaire, merci du parage. Moi aussi j'en redemande !

Geo et National Geographic n'ont qu'a bien se tenir.

Quelle lumière. Une série emplie de poésie, de sensibilité et de convivialité. Bref une véritable fascination pour ce périple auquel tu nous as convié .

Vous êtes sympas, merci, je ne m'attendais pas à de tels commentaires...

Mais bon, personne m'a dit pourquoi mes photos sont flous (alors que les originaux sont nets)...

J'avais monté ce diaporama sans prétention...

https://youtu.be/sFdHmsdpN_U

Magnifique !
Concernant ta question sur le résultat du passage de RAW en JPG, ce lien va peut-être t'aider :
https://www.parlonsphoto.com/le-fichier-raw-corrige-net-dans-dpp-laisse-le-jpeg-flou-t201515.html

Très bien aussi ta vidéo

Ma Poule a écrit:

L'authenticité, n'existe presque plus nulle part à travers le Monde. Il n'y a hélas plus, ou très peu, de
Terra Incognita. Même en Nouvelle-Guinée ou au fin fond de l'Amazonie, l'homme est passé partout.
Il y a bien de-ci de là quelques micro-peuplades plus difficile à atteindre que d'autre, mais là où toi
tu passes une semaine, à peine partit, d'autres touristes prennent ta place.

Si ma Poule, il existe encore des coins que l'on pourrait qualifier d'authentiques, même si j'ai j'ai une réserve inexpliquée avec ce terme... Pas des Terra Incognita effectivement, mais des coins sublimes, avec des gens comme on en rêve... (à l'écart du tourisme de masse oeuf corse)

Je vais bientôt poster une escale qui nous a marqués dans cette rubrique...

Tomanic a écrit:

Magnifique !
Concernant ta question sur le résultat du passage de RAW en JPG, ce lien va peut-être t'aider :
https://www.parlonsphoto.com/le-fichier-raw-corrige-net-dans-dpp-laisse-le-jpeg-flou-t201515.html

Merci Jackie, mais ce n'est pas mon problème.... Le Jpeg que j'exporte de mon RAW avec mon logiciel de post-traitement est correct. C'est une fois que ce Jpeg est téléchargé sur le forum via l'hébergeur du site qu'il devient dégradé...

Je suis surpris que personne ne propose une explication...

Voilà un excellent reportage...

Aussi bien en ce qui concerne les photos que le texte!
j'ai adoré! ^^

En ce qui concerne l'authenticité j'avoue, je n'ai jamais vraiment compris le sens dans lequel est utilisé ce mot...
j'imagine que c'est encore une traduction approximative d'un idiome anglais.
Mais ça n'engage que moi.

En ce qui concerne la qualité des photos, l'hébergeur réduit les photos, et c'est très certainement cette compression et rédusction qui dégrade la qualité de l'image!
Comme je vois pointer ta question suivante...
Comment y remédier?
c'est un poibnt qui a déjà été évoqué à maintes fois.

Tu opères toi-même la réduction dans ton ton logiciel de retouche préféré, et ensuite tu redonnes un petit coup de contraste et/ou de "clarité"
au moment d'envoyer ta photo, tu choisis l'option "ne pas redimensionner" ou "non" dans la case redimenssioner de l'hébergeur!

Pierre a écrit:

En ce qui concerne la qualité des photos, l'hébergeur réduit les photos, et c'est très certainement cette compression et rédusction qui dégrade la qualité de l'image!
Comme je vois pointer ta question suivante...
Comment y remédier?
c'est un poibnt qui a déjà été évoqué à maintes fois.

Tu opères toi-même la réduction dans ton ton logiciel de retouche préféré, et ensuite tu redonnes un petit coup de contraste et/ou de "clarité"
au moment d'envoyer ta photo, tu choisis l'option "ne pas redimensionner" ou "non" dans la case redimenssioner de l'hébergeur!

OK Pierre, merci, mais quelle est la taille idéale pour une photo pour que la compression la dégrade le moins possible ?
Pendant que j'y suis, comment faire pour que la photo puisse être agrandie une fois postée ?

Merci pour ton aide !

La taille idéale?
voilà une excellente question, et je te remercie de l'avoir posée!

C'est quand le poids du fichier est suffisamment petit pour ne pas défavoriser les membres qui ont une connexion faible, mais que tu considère que ton image est encore de bonne qualité.
c'est le juste milieu de l'équilibre des choses...

Le bon sens fera le reste.

Le forum affiche par défaut les photos en 800x600.
Si tu affiches une images plus grande, tu auras automatiquement le lien "agrandir l'image" et si elle est vraiment très grande, tu auras le lien "voir cette image en taille réelle" ou quelque chose d'approchant!

En général, je limite mes images à 1Mo, sachant que Servimg préconise des images inférieures à 2Mo mais qu'il accepte des poids de 5 ou 6 Mo...

Voilà!
j'sspère avoir répondu à ta question!

Pierre a écrit:

En ce qui concerne l'authenticité j'avoue, je n'ai jamais vraiment compris le sens dans lequel est utilisé ce mot...
j'imagine que c'est encore une traduction approximative d'un idiome anglais.
Mais ça n'engage que moi.

Tu veux dire quoi par là Pierre ?

Definitions a écrit:

Caractère de ce qui est authentique, exact : L'authenticité d'une nouvelle.

Sincérité des sentiments, vérité d'un témoignage : L'authenticité d'un amour.

Caractère de certains actes juridiques qui font foi par eux-mêmes.

Je veux dire simplement que je ne comprends pas comment un pays pourrait être faux!

Ca ne peut pas être une contrefaçon, ni une copie.
Du coup l'utilisation du terme "authenticité me semble un peu galvaudé!
Mais il apparait clairement l'utilisation du français devient indépendante des définitions académiques.
Et je pense également qu'il s'agit d'un faux débat, puisque ça ne semble déranger que moi!

Pierre a écrit:

Je veux dire simplement que je ne comprends pas comment un pays pourrait être faux!

Ca ne peut pas être une contrefaçon, ni une copie.
Du coup l'utilisation du terme "authenticité me semble un peu galvaudé!
Mais il apparait clairement l'utilisation du français devient indépendante des définitions académiques.
Et je pense également qu'il s'agit d'un faux débat, puisque ça ne semble déranger que moi!

Pierre, as-tu capté que dans mon texte, c'est ce que j'ai voulu dire. J'ai voulu tourné en dérision le terme "authentique" s'appliquant à un pays... (2ème degré )

Quand dans certains pays, on construit, l'état souvent, des villages tout spécialement fait pour le touristes en parquant les autochtones comme des bêtes, on ne peut plus parler d'authenticité.


Tu dis qu'on ne peut pas être une contrefaçon ou une copie, oui c'est vrai, mais on peut être esclave d'un régilme

Sergio06 a écrit:

Pierre a écrit:

Je veux dire simplement que je ne comprends pas comment un pays pourrait être faux!

Ca ne peut pas être une contrefaçon, ni une copie.
Du coup l'utilisation du terme "authenticité me semble un peu galvaudé!
Mais il apparait clairement l'utilisation du français devient indépendante des définitions académiques.
Et je pense également qu'il s'agit d'un faux débat, puisque ça ne semble déranger que moi!

Pierre, as-tu capté que dans mon texte, c'est ce que j'ai voulu dire. J'ai voulu tourné en dérision le terme "authentique" s'appliquant à un pays... (2ème degré    )

Bah...

En ce moment j'ai le cerveau lent!
Mais je suis contet de voir que quelqu'un pense comme moi!

Ma Poule a écrit:

Quand dans certains pays, on construit, l'état souvent, des villages tout spécialement fait pour le touristes en parquant les autochtones comme des bêtes, on ne peut plus parler d'authenticité.


Tu dis qu'on ne peut pas être une contrefaçon ou une copie, oui c'est vrai, mais on peut être esclave d'un régilme

Je te crois sans peine, certains sont prêt à faire feu de tout bois pour piéger le touriste (ou plutôt leur argent).

Reste que mon propos était plutôt une question de rhétorique qu'une question de réalité de terrain!
Sans doute au cas particulier que tu cites, peut-on admettre le terme de non authenticité, mais c'est l'usage général de ce terme que je désavoue!

Superbe reportage Sergio, la force du texte et des photos sont remarquables. Quant à l'authenticité des gens et des pays...OUI ça existe encore. Tout n'est pas encore pourri par le tourisme..c'est rare mais ça existe.
Merci de ce magnifique partage.

très bon ça aussi merci du partage