Avec tous les photographes pro ou amateurs que l'on peut trouver sur la toile, mes coups de cœurs se sont souvent retrouvés dans les photos formant son œuvre de Tatsuo Suzuki dont une que voici:



Je trouve que cette image est très poignante. elle m'évoque la tristesse et son contraire avec le sujet en deuxième plan. J'aime aussi quelques détails comme le pigeon, prince urbain, l'indication qui va en sens inverse des personnages, la grille du côté du peiné, la cigarette pour l'aisé... Enfin, je vais peut-être un peu trop loin.
Ce que j'aime chez ce photographe ce sont ses contrastes poussés. Beaucoup de noirs bouchés qui durcissent l'ambiance. Des déséquilibres avec les claires et ses compositions sortant des sentiers battus. J’essaie de m'en inspiré car j'aimerai vraiment réussir à avoir cette "patte" qui me fait envie. C'est sans doute ce que je voudrais montrer ce que j'ai au fond de moi. Cependant, sans nom, la critique sur le peu d'images de ce style est allée bon train. Je ne jette la pierre à personne car c'est tout à fait normal de dire à quelqu'un qui cherche à évoluer que ses noirs sont bouchés et ses blancs sont cramés.
Voici une image que j'ai essayée de travailler pour ce style là. Elle a été proposée pour le défi 2014 en S25 pour le thème "Soleil". De mémoire, elle n'a pas cassé des briques.



Cela va faire maintenant deux ans que je me balade boitier en mains, le regard de plus en plus à l’affût de "l'image". Quand je reviens à la maison et visionne mes images, le questionnement arrive. Que va-t-on dire de mes images? Vont-elles plaire? Je me dis que c'est bien beau de montrer ses images mais si le plaisir n'est pas partagé, où est vraiment ce plaisir et surtout est-il nécessaire?
Le forum m'a beaucoup aidé ou plus précisément, les forumeurs d'ici m'ont beaucoup aidé. Je compte bien vous rendre la monnaie de votre pièce mais je suis malheureusement dans l'incapacité pour le moment. Un jour sûrement. Je finirai mon blabla en vous invitant à regarder les images de Steve McCurry. Un homme dont le talent me fait rêver.

Étant aussi fan de ce photographe avec qui je suis en contact régulier, hélas je n'ai fait qu'un "J'aime j'en parle" pour le Mag sur lui, car je n'ai pas osé franchir le pas de la barrière de la langue avec lui. Peut-être un jour viendra, mais nous échangeons en anglais rudimentaire et j'avoue que de me lancer dans une traduction franco-anglo-japonaise me fait un peu peur  

Par contre il y a une notion importante dont tu ne parles pas Laurent, et qui fait la différence dans ses images, et c'est le grain,
https://www.facebook.com/squalfocale/photos/a.586517044743560.1073741874.188193434575925/902869849774943/?type=3&theater ou https://www.facebook.com/squalfocale/photos/a.586517044743560.1073741874.188193434575925/597195583675706/?type=3&theater

Ses images sont toujours très granuleuses et l'ambiance vient de là pour beaucoup, Après sa patte lors de la post prod reste la sienne, mais est très proche en bien des points de celle de Lee Jeffries. Notamment sur ses portraits de sans abris comme Lee d'ailleurs. Je pense qu'il s'en est inspiré car on retrouve deux styles très proches

Par ailleurs il y a clairement un travail de traitement par zone sur ses images, regarde le "bouchage relatif" du premier plan sur le personnage et le débouchage plus poussé au second plan c'est ce "déséquilibre" qui crée de la densité et une ambiance favorable à une lecture aisée de l'ensemble de la photo. Tatsuo joue sur les contrastes extrêmes et les maîtrise, il attire ainsi l’œil où il veut qu'il se pose. A mon humble avis sur ton image, si tu arrives à traiter par zone l'arrière plan en le débouchant entre 2 et 4 dans les tons clairs, tu auras gagné en lecture globale Inversement sur tes blancs au premier plan il faut (Si possible) que tu rattrapes de la texture, là ils sont cramés, le blanc peut être texturé en restant pétant, le tout c'est de ne pas franchir la frontière au delà de laquelle tu vas perdre en texture. Si on regarde les blancs de la première image ils sont certes très poussés mais gardent toute leur texture et donc du relief comme le revers de la chemise du gars au premier plan.

Enfin je te recommande un troisième photographe italien très connu pour ses paysages en couleurs de Toscane et qui est remarquable à ce niveau. Mais il prend aussi (Et c'est beaucoup moins connu) des portraits de SDF. Il s'agit d'Edmondo Senatore, je t'invite à parcourir sa page si ce n'est déjà fait et notamment ses images en N&B sur les sans abris, elles aussi très proches des deux premiers photographes.
https://www.facebook.com/allprints.it/photos/t.100001431976219/10153094266019791/?type=3&theater ou https://www.facebook.com/130346697148864/photos/t.100001431976219/303746829808849/?type=3&theater
Il est très sympathique n'hésites pas à le contacter et à échanger avec lui.

Voilà la parenthèse est fermée Laurent mais j'espère avoir apporté un peu d'eau à ton moulin

Je vais à mon tour vous livrer l'une des images qui m'a inspirée et qui a sûrement été le déclencheur de ma passion pour la photographie des années plus tard...

Cette photo je l'aimais beaucoup, et je ne savais pas encore quand tous les jours je la voyais, que je la retrouverai des années après par hasard en réunissant des images d'un artiste que j'avais appris à apprécier avec le temps sur d'autres critères et grâce à d'autres clichés. Quand j'ai vu pour la première fois cette image, je devais avoir entre 10 et 12 ans, c'était à l'école dans mon livre d'Histoire-Géo en préface de la partie sur l'Amérique du Sud.

Il y avait cette photo en noir et blanc qui m'a entêtée sans m'en rendre compte à ce moment-là. En effet, 15 ans après j'ai découvert de qui elle était ne me souvenant plus du tout de l'auteur, un jour je retombe dessus et à ce moment je me suis souvenu de cette période complétement enfouie et oubliée dans un coin de ma mémoire. Dès lors tout m'est revenu à l'esprit, je me suis souvenu soudainement de la classe dans laquelle j'étais, des tables en bois avec encore le trou pour y mettre l'encrier de mes aïeux (que je n'ai jamais utilisé   ) même le nom de mon prof immense par la taille (Mr. Barbier) m'est revenu en tête... Tout cela alors que je n'y avais jamais repensé durant toutes ces années !


Cette image évoque donc depuis mon enfance lointaine, l'évasion, une mère (j'imagine) qui surveille discrètement son enfant par la fenêtre... Elle représente aussi le bonheur d'un moment gourmand dans un endroit qui semble assez paradisiaque, du moins du point de vue du paysage. Et puis il y a cette magnifique petite fille au regard noir et joyeux qui évoque l'Amérique du Sud, un pays qui fait sans doute rêver quand on a une dizaine d'années ? Enfin je me souviens de ce qui me posait question, j'avais envie de voir l'intérieur de cette maison en bois, d'ouvrir la porte pour voir la différence entre mon chez moi et celui de cette petite fille. Quand on est enfant cela nous interroge et existe notre curiosité. Mais que peut-il bien y avoir derrière cette porte et cette ouverture sans vitre ? Comment est agencée cette pièce ? Tant de questions restées sans réponse et qui continuent de m'interroger. D'ailleurs j'espère que personne n'ouvrira jamais cette porte, que je ne tomberai pas un jour sur une autre photo restée sur la planche contact qui me montrerait l'intérieur de cette cabane. Dès lors il n'y aurait plus de mystère, plus de peut-être et du coup sûrement que cette image perdrait en intérêt à mes yeux ...

En fait dans mes explications il n'y a rien de technique sur ce choix du cœur de l'époque  (trop tôt pour avoir un avis technique et tranché). C'est un simple coup de cœur, une évasion, un moment que je revoyais à chaque heure d'histoire-géo sans comprendre et sans savoir réellement que cette image me suivrait si longtemps... Et n'est ce pas cela le pouvoir de séduction d'une image ? Cela ne s'explique pas toujours, il est parfois difficile de mettre des mots sur une photo et de dire pourquoi cette image nous marque plus qu'une autre, surtout quand on a 10 ans.

Les faits sont là, et cette image fait désormais partie de mon histoire, de ma mémoire, de mes souvenirs, de ma vie d'enfant qui allait à l'école...

J'ai débuté en photographie par nécessité. Passionné d'astronomie, je voulais faire de la photographie astronomique.
Lorsque je suis allé chercher les tirages de mon premier film 35, des images d'étoiles et de la lune, ce fut le choc:
"La pluspart de vos clichés sont ratés, sous-ex/sur-ex, on ne les a pas tirés"

C'est alors que je décidai d'apprendre à développer et tirer mes photos moi-même. Mes débuts avec le N&B étaient une épreuve jusqu'au jour où je tombe sur les paysages d'Ansel Adams (1902-1984), les séries dans le Yosemite, les parcs nationaux.

Ces paysages somptueux en N&B montrant des contrastes élevés mais doux, des noirs foncés, des reliefs extraordinaires m'ont énormément marqué. Ils sont profonds, évocateurs, poétiques, puissants.

Quelques temps après je tombe sur son ouvrage expliquant sa "Théorie du zone-système". Ce fut alors une révélation, Ansel Adams explique comment la vision du photographe est servie par la maîtrise technique de la prise de vue et la chimie du labo. Il écrit notamment une phrase qui m'a profondément marqué:
"Un négatif parfait relève de la science, une image parfaite relève de l'art"

Ansel Adams m'a définitivement converti au N&B

Superbes commentaires à vous trois ! Comme toi Fred, je suis un inconditionnel de Adams.
Il y a aussi une page Facebook dont je voudrais donner le lien car je trouve que leurs photos sont en général très belles :

https://www.facebook.com/adorenoir

Un grand merci et bravo aux administrateurs pour cette nouvelle rubrique

et merci à toi pour nous l'avoir demandé.

Merci beaucoup Walter pour le partage de ce lien

Il m'a marquée lorsque j'ai débuté dans le reflex : Daido Moriyama !
https://leclownlyrique.wordpress.com/2009/01/05/a-unique-way-of-encountering-genuine-reality/

Et plus récemment, le film sur Vivan Maier
http://www.vivianmaier.com/gallery/street-1/#slide-18

Ambiance très étrange pour Moriyama ! Voire limite "glauque" mais qui n'est pas faite pour me déplaire Merci pour la découverte.

Nunuche a écrit:

Il m'a marquée lorsque j'ai débuté dans le reflex : Daido Moriyama !
https://leclownlyrique.wordpress.com/2009/01/05/a-unique-way-of-encountering-genuine-reality/

Et plus récemment, le film sur Vivan Maier
http://www.vivianmaier.com/gallery/street-1/#slide-18

Le but de cette rubrique est de raconter comment une photo, un(e) photographe nous a marqué, influencé.
Poster juste un lien est un peu trop court. Merci de développer

Fred

Tu as raison Fred. Dis-nous en plus Myriam.

Citation :

Le but de cette rubrique est de raconter comment une photo, un(e) photographe nous a marqué, influencé.
Poster juste un lien est un peu trop court. Merci de développer

Fred

Je suis d'accord alors que c'est moi même qui ai mis le premier lien vers un site externe.
Je vais me rattraper dès que j'en aurai le temps. Mes idoles sont "anciens". Du temps de l'argentique ... et du "reportage photo"

J'ai plus lu des commentaires des photos et photographes appréciés que des avis perso !

Nunuche a écrit:

J'ai plus lu des commentaires des photos et photographes appréciés que des avis perso !

wallygator a écrit:

Nunuche a écrit:

J'ai plus lu des commentaires des photos et photographes appréciés que des avis perso !

Nunuche a écrit:

J'ai plus lu des commentaires des photos et photographes appréciés que des avis perso !

Je ne dois pas être connecté comme il faut car je ne comprends ce que tu veux dire

Une de mes inspirations (vous l'aurez sans doute remarqué!) c'est Raymond Depardon.
Il n'y a pas vraiment une photo en particulière qui m'a marqué mais plutôt 2 de ses livres : "La France" et "Errance".

"La France de Depardon", c'est un panorama du quotidien dans toute sa banalité de la France "profonde".
https://www.google.fr/search?q=la+france+depardon&biw=1900&bih=904&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ei=yblMVf6GBsT2UobPgdgI&sqi=2&ved=0CAcQ_AUoAg
A noter que ce livre existe dans un format ultra poche, avec des pages épaisses comme du papier à cigarette, j'adore!

"Errance" c'est un livre dont j'aime beaucoup le principe et le format avec ce mélange de texte et de photos en n&b.
Cet artice dans un blog est une très bonne réflexion sur cet ouvrage:
http://www.photogenique.fr/dc/index.php?post/2009/03/27/La-force-de-lerrance-est-de-mavoir-permis-de-vivre-dans-le-present

Depardon m'a donc beaucoup inspiré sur le fait que pratiquer la photo, ce n'est pas uniquement rechercher LA photo mais plutôt construire quelque chose autour d'un thème, de donner une âme à un ensemble de photos.
Sur flickr, je suis également de très près de nombreux photographes dont la liste serait trop longue. Chacun d'entre eux a quelque chose à m'apprendre et m'apporte de nouvelles idées.

Stéphane je suis allé voir ta galerie. En effet Depardon est une évidence dans tes inspirations J'aime.

Mes inspirations majeures : Cartier Bresson, Doisneau, Eugène Atget, Lucien Legras ( le père de Annie Duperrey ) et surtout Jean-Loup Sieff. Mais comme disait quelqu'un : "c'est suivre l'exemple de ses maîtres que de ne pas les imiter"

Salut a tous

Dans mes débuts (je ne jurais que par la macro), celui qui m'a inspirer n'est surement pas très connu comme Doisneau mais sa gentillesse et son envie de partager ses techniques m'on vraiment aider a évoluer . Je parle de de Mr Gérard Thérin que j'ai déjà cité ici a plusieurs reprises puis son blog est une véritables mine d'or .

Je vous laisse juge du savoir faire de ce Monsieur .

http://www.naturepixel.com/

C'est du lourd, du très beau !

Merci pour la découverte de ce photographe

Quelle belle découverte. Merci Le Briard pour le partage.

Etant fils de photographe, il est évident que la photographie a fait partie de mon quotidien dès mon enfance. Certains me disent souvent que j'ai eu la chance de pouvoir apprendre avec mon père. Mais c'était tout de même du style touche pas à cela petit con, ou mieux quand tu seras grand tu comprendras... Mais c'est en observant en regardant que j'ai commencé à apprendre
Des l'âge de 7 /8 ans je dévorai les  Grossbild Technik ( revue du grand et moeyn format) c'est en voyant les photographies de ces magazines que j'ai été imprégné par la photo, ainsi que pendant les grandes vacances restant des heures devant la vitrine de Pierre Tairraz. Par la suite j'ai découvert les autres comme Adams. Vers 16 ans , c'était plutôt Hamilton et compagnie que je regardais, pas vraiment pour le photographe mais pour les jeunes filles. Duncam, Catherine Leroy, Tim Page avec l'époque Vietnam m'ont aussi marqué, comme une partie du travail de Sieff, mais certains aussi m'ont totalement dérouté de l'art photographique comme un certain Andy Wharol, Newton
Mais avec le temps , l'expérience de la vie et peut être et surtout la nostalgie de ma jeunesse voici la photo qui m'a donné l'envie d'en faire, la seule photographie que j'ai encadrée au mur signée

 Mais comme je l'ai déjà dit la plus belle de toutes les photographies est celle que je prendrai peut être un jour, alors cela sera triste

Merci Eric pour ce partage intime.

Sublime photo et merci pour ce partage généreux et sincère.