Qui n'a jamais eu de problème de qualité à résoudre ?
Qui n'a jamais buté et pesté pendant une telle résolution ?
Enfin, qui est certain de ne s'être jamais trompé en tentant de résoudre un problème de qualité, dans quelque domaine que ce soit ?

La méthode décrite ci-dessous, simple, très simple même, à pris son origine chez un fabricant de films argentiques (il ne fabriquait pas que cela, mais a subit de telles pertes que ces fabrications ont disparues).

Reprenons le problème a sa genèse, en prenant tous les éléments, même les plus farfelus, sait-on jamais.

Nous sommes en Allemagne, dans un atelier de fabrication et de conditionnement de films photographiques.
Les films produits sont la référence pour bien des photographes, professionnels et amateurs, et ce depuis des années. La rigueur de fabrication est telle que une réclamation sur la qualité des films produits n'a jamais été formulée, jusqu'au jour ou, ......
Des cartouches de films 35mm présentent un voile après développement. (Seulement des cartouches de films 35mm).

Dans un premier temps, les photographes et laboratoires sont mis en cause, puis il faut se rendre à l'évidence, ces derniers refusant de prendre cette responsabilité. (Environ une année c'est écoulée).

L'atelier de fabrication et de conditionnement des films est situé en bout de pistes d'un aérodrome de l'Otan et se trouve survolé à intervalles plus ou moins régulier. L'Otan admet avoir équipé certains de ses avions de bombes nucléaires (nous sommes en pleine guerre froide) sans en préciser le nombre, la puissance, ni les conditions de vols.

Deux ans d'enquêtes, de nombreux tests, permettent de vérifier que, sous l'effet des radiations les films argentiques peuvent être voilés.

Youpi, l'atelier est protégé des radiations, les pistes sont redessinées aux frais de l'Otan, les clients sont priés de prendre leur mal en patience et dédommagés pour chaque film voilé.
Fin des travaux 5 ans environ après le début du problème, qui perdure. Un pourcentage non négligeable de cartouches de film 35mm est voilé.

La suite, tous les anciens photographes la connaissent, en 24x36 puis ensuite en moyen format, nous sommes passés à la concurrence et l'atelier fut fermé avec de nombreux licenciements à la clef.

Le problème n'était pas résolu.
Mais comment faire pour ne pas passer à coté du vrai problème ?


La méthode est largement postérieure à ce problème, bien qu'il en soit l'instigateur, en grande partie.
Sa simplicité est déroutante.


Face à un problème, quel qu'il soit, il convient de déterminer exactement tout ce qui diverge de la normalité et SURTOUT CE QUI NE DIVERGE PAS.
En pratique, nous faisons un tableau comportant deux colonnes nommées EST et N'EST PAS

Par exemple, dans le cas pris en exemple, jamais il n'avais été mis en évidence que les films 120, 620 et les plans films ne présentaient pas de trace de voile, du moins tant que les clients n'étaient pas dédommagés des pertes subies avec les films 24x36.
Il n'y avait jamais eu de réclamations non plus pour le film 35mm en bobines, quel qu'en soit le métrage.

Voyons ce qui "EST",
Des films 24x36 en cartouches sont voilés,
l'usine est survolée par des avions militaires,
ces avions sont équipés d'armes nucléaires, dans un premier temps.
Ce qui "N'EST PAS",
Les films 120, 620 et plans films ne sont pas voilés.
le film 35mm en galettes n'est pas voilé.

Après accord avec l'armée,
Dans la colonne "EST", nous avons:
Des films en cartouches 24x36 sont voilés,
l'usine est proche d'une base aérienne,
machines et ateliers sont protégés des radiations.
Ce qui "N'EST PAS"
Les films 120, 620 et plans films ne sont pas voilés.
le film 35mm en galettes n'est pas voilé,
l'atelier n'est pas survolé par les avions armés.

Ajoutons que les emballages proviennent du même fournisseur, sont faits des mêmes matières et que tous les produits sont stockés dans un seul et même local avant leur expédition.

Ou se trouve LA divergence ?
- l'atelier, ne peut être mis en cause, des lignes de produits issus des mêmes fabrications sont de bonne qualité,
- le survol par des chasseurs armés ?, finalement pas plus les survols sont aléatoires et non limités aux seuls instants où des cartouches 24x36 sont fabriquées.
- les emballages, les conditions de stockage ? ils sont identiques à tous les produits.
- La fabrication par elle-même ? la gélatine est couchée sur un support de grande largeur, avant d'être débitée en largeur, puis en longueur différente selon les besoins.
- les cartouches 24x36 sont chargées avec du film 35mm parfaitement identique à celui vendu au mètre.

Au final, seule la cartouche dans lequel est livré le film 24x36 ne se retrouve pas dans les autres produits.
Après analyse complète de cette partie de la ligne de fabrication, une usure anormale de la presse de sertissage fut décelée, bien trop tard.

j'ai tout lu, j'ai bien compris le problème, mais ma question est : ou veux tu ne venir???

Ou je veux en venir ?
Plutôt, quel est mon but ?

Simplement indiquer la bonne marche à suivre pour résoudre un problème,
montrer qu'il est vain d'espérer corriger un défaut en ne considérant que ce qui semble avoir changer, mais que la solution se trouve souvent en cherchant pourquoi ce défaut n'apparait pas sous certaines conditions.

Reprenons un exemple de question souvent posée sur les forum de photographie:
- Comment se fait-il que ma photo vue sur le forum soit moins nette et plus terne que visionnée sur mon écran, (avant envoi) ?

A ce problème, il existe une multitude de causes possibles, toutes différentes selon la configuration de nos machines, les logiciels que chacun emploie et/ou les sites d'hébergement.
Et ce n'est qu'un exemple.

c'est une histoire vraie??
je ne comprends pas que l'entreprise ne se soit pas remise en cause tout de suite. . .

Ok Cjc, merci de la précision, parce que j'ai tout lu une fois, puis une deuxième, et j'avais beau avoir parfaitement compris l'histoire, je n'arrivais pas à savoir ce que tu voulais faire passer comme message.

Au final, c'est aussi un petit coup de gueule contre les questions récurrentes sur le forum.

C'est une histoire vraie et un très bon exemple à méditer...............

Non, pas du tout, ce n'est pas un coup de gueule (dans ce cas, je serais bien plus direct).
Simplement une méthode de réflexion et comme quelques membres du forum m'avaient demandé une telle méthode.

Et oui, Jean-Michel, l'histoire est vrai, c'est ce qui est le plus triste d'ailleurs. Car, dans cette histoire, nous avons perdu nos films de référence ainsi que de nombreux produits chimiques qui n'ont pas trouvé leur équivalent.

Grande sagesse !
... merci