Du temps de la photographie Argentique l'image n'existait que dans la tête du
photographe tant qu'il n'avait pas passé l'étape ultime du tirage labo.

Après le déclenchement,.....et bien plus rien!
Le photographe n'avait que sa mémoire du sujet, il devait s'en remettre à la chimie et
d'infimes précautions avant de (re)découvrir sa vision première.

Après le déclenchement, il ne restait qu'un film qui abritait alors une image latente
et fragile. Plusieurs manipulations plus tard, des bains multiples, de longues minutes
passées dans la pénombre, enivré des odeurs de révélateurs, neutralisants et autres fixateurs.

Le film développé ne livrait alors qu'une petite image en négatif, histoire de titiller la
patience du photographe.
Ce n'est qu'une fois le papier exposé et révélé que l'image finale était alors visible,
mais encore fallait-il attendre que le papier sécha avant de pouvoir pleinement
l'apprécier à la lumière du jour.

Il pouvait s'écouler des heures depuis la prise de vue jusqu'à la révélation finale, voire
même des jours ou plus.

Le tirage labo était la consécration.....mais pouvait tout aussi bien provoquer une
atroce déception.

Qu'a changé le Numérique?

Fondamentalement, ormis la démocratisation du clic à tout va, l'image a changé d'existence.
Désormais, la photo est visible tout le temps et ce, dès la prise de vue.
Après le déclenchement, elle visible instantanément sur l'écran LCD de l'appareil photo.
Transférée sur l'ordinateur, elle est immédiatement visible à l'écran.
Partagée sur le net, elle est plus visible que jamais puisque potentiellement des millions
de gens peuvent la voir en même temps.

On pousse le paradoxe à parler de publication alors que la photo n'est que virtuelle.
C'est là, toute la superbe ambiguité de l'existence photographique car le sujet, qui lui était
bien réel, n'a que cette virtualité à montrer.

Des millions clichés sont faits tous les jours et qui ne connaîtront peut-être jamais
autre chose que cette virtualité.
Combien connaîtront la consécration du réel? être imprimés!

Alors que le clic photographique s'est démocratisé comme une pandémie électronique,
nous-nous sommes rendus esclaves de tout un attirail d'électronique et d'infrastructure,
de gadgets de consommation à seule fin de pouvoir apprécier nos précieuses images.

Mais alors que l'impression papier peut sembler d'un autre âge, pouvoir apprécier une
photographie sans tout cet encombrement, assis dans un fauteuil en regardant les cadres
accrochés au mur,
en déambulant dans une galerie d'Art au décorum épuré,
ou tout simplement le papier dans ses mains,
c'est faire l'expérience d'une vision partagée, d'une histoire comptée, d'une émotion
transportée, sans aucune interférence, sans superflu: l'émotion dans sa forme la plus
humble.

FredL

Merci pour ce partage de tes ... impressions si je puis dire.

Concernant les tirages, je ne sais pas s'il y a vraiment des chiffres pour confirmer.
Mon sentiment c'est que le nombre de clichés a forcément explosé mais les labos par internet permettent d'imprimer en quantité pour pas cher. Il y a aussi les livres photo.
Mais c'est vrai que depuis l'ère numérique, je ne fais plus d'albums de famille comme je le faisais avant :( 
Par contre je fais régulièrement des tirages de mes photos perso.

Avant de découvrir le réflex numérique, je faisais des photos de vacances avec un petit appareil argentique. J'ai conservé de ces années, le shoot "à l'économie" et le fait de quasiment jamais regarder le résultat avant le passage à l'ordi. A tort parfois d'ailleurs!

Une petite réponse en photo et tu auras mon avis

https://photo.forumperso.com/t48861-l-expo-photo#601404

Ça me fait penser à cette pub, ratée soit dit en passant, pour Orange et sa 4G qui passe en ce moment.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/937771-clip-d-orange-sur-les-smartphones-et-la-4g-une-pub-tele-qui-frise-le-ridicule.html

Avec les services de cloud on peut mettre des Tera de données et photos. On dématérialise d'autant plus son album photo puisqu'il tient dans la poche mais n'a d'existence que sur un serveur en Californie.

Mieux vaut donc ressembler au gars censé être has been et qui a encore des photos papier plutôt que d'être le troufion(on le connait tous ce gars là) qui tient absolument à montrer ses 10 Giga de photos...